Le Grand Café présente l’exposition « Power Up », qui questionne nos imaginaires techniques à l’heure du basculement climatique. Un parcours utopique à découvrir jusqu’au 1er septembre 2024.
Comment penser la technique et les infrastructures vitales à l’heure de la catastrophe environnementale ? Comment se réapproprier la technique et en éclairer les contre-narrations ? Telles sont les questions auxquelles se propose de répondre ce projet à la croisée des disciplines, mêlant art contemporain et architecture, qui s’appuie en partie sur l’histoire de Saint-Nazaire à la recherche d’utopies non réalisées pour alimenter nos imaginaires futurs.
Partant du constat du délabrement qui frappe les infrastructures – du fait de dégradations matérielles, de la baisse d’investissement de l’État et de la crise énergétique et climatique – l’exposition questionne la persistance du mythe de la grande infrastructure et l’idéal social de l’édifice de service public à travers trois axes de recherche. Elle entend ainsi réactiver les utopies énergétiques autour des biens communs mais aussi en révéler les potentialités non-advenues, voire contre-factuelles, créant ainsi un rapport distancié au présent.
Le premier temps est consacré aux utopies techniques de la petite Californie, et fait de l’estuaire de Saint-Nazaire un lieu d’imaginaires techniques et sociaux. Il se concentre autour d’un plan d’édification d’usines marémotrices et maréthermiques capables d’assurer l’autonomie énergétique du territoire, conçu dès le XIXe siècle, mais occulté par la concurrence du pétrole et du gaz, puis du nucléaire.
Un deuxième axe se penche sur l’histoire environnementale, et surtout solaire, de Saint-Nazaire, en proposant une approche régionaliste et bioclimatique des infrastructures, dans un plan de reconstruction d’ampleur avec le soleil pour épicentre, rassemblant plus de 90 architectes. L’histoire territoriale entre alors en résonance avec d’autres utopies solaires internationales, comme le plan d’Auroville, projet franco-indien de cité utopique énergétiquement autonome.
Après l’âge de l’équipement vient celui de la maintenance et de la redirection écologique dans ce dernier moment du parcours qui interroge le paysage infrastructurel de Saint-Nazaire à travers le prisme de la réparation et de la transformation de l’héritage de la modernité technique. Il ne s’agit plus de faire émerger les récits enfouis, mais bien de renouveler les utopies collectives : le recours à la fiction permet alors de décloisonner les imaginaires et démultiplier les possibles.
L’exposition est conçue en partenariat avec la Kunsthalle de Mulhouse, où elle sera présenté du 16 février au 28 avril 2024.