Pour sa première exposition personnelle en France intitulée « Jazira », EL Meya (née en 1988 à Constantine) présente une série de peintures réalisées en Algérie ainsi qu’au cours de sa résidence à la Villa Arson à Nice durant le printemps 2023.
Le titre de l’exposition Jazira, se réfère au mot « île » en arabe qui selon certains historiens aurait donné son nom à Alger en raison du groupe d’îles au large de la ville, et par extension à l’Algérie toute entière. Au cours de l’Histoire, le territoire d’Alger s’est étendu sur la mer, et ces îles ont été progressivement reliées à la ville. La terre s’est appropriée la mer de la même manière qu’elle a fait sienne toutes les cultures et les civilisations qui ont côtoyé le pays. Au fil des siècles, l’Algérie s’est en effet nourrie de récits phéniciens, romains, berbères, arabes, ottomans, juifs, espagnols, français… Les syncrétismes religieux et sociaux qui découlent de ces croisements constituent la toile de fond de la société algérienne. EL Meya hérite de cette diversité. Elle puise ainsi dans l’imaginaire collectif et dans l’histoire du pays des scènes traditionnelles qu’elle transpose dans sa peinture. Les sujets, les objets, les fonds qu’elle juxtapose sur la toile obéissent, comme dans les rites (scènes de sacrifice, de transe, de passage…), à une codification précise. Les hommes et les femmes qu’elle met en scène accomplissent des gestes explicites parfois évidents à saisir, parfois nécessitant d’être décryptés. Tel un théâtre de marionnettes, les corps s’offrent au regard des visiteurs ou des visiteuses dans un curieux morcellement. Chaque visage, chaque membre semble assujetti à une fonction précise. Le grotesque côtoie le tragique, la délicatesse côtoie la cruauté. |